Le réseau Twisto en 1978
En tant que conductrice de bus chez Twisto, j'ai souvent été curieuse de savoir pourquoi telle ligne passait à tel endroit, dans tel sens, dans tel ordre, pourquoi tel arrêt est comme tel, et surtout, pourquoi Geroges Mauduit est-il un arrêt aussi peu pratique.
Les anciens plans de réseau ne sont pas aussi simple à trouver en libre-accès sur internet que je ne le pensais. Personne ne pense à garder son plan de l'année ! J'imagine que de tels plans peuvent être trouvés aux archives municipales, mais pour la simple question que je me posais, j'ai heureusement trouvé via Google les plans de 1978.
1978 n'est pas une date anodine, puisque c'est l'année où la C.T.C. (Compagnie de Transports de Caen) devient la C.T.A.C. (Compagnie des Transports de l'Agglomération Caennaise). En effet, suite à diverses expérimentations au cours des années précédentes, les bus commençaient à s'aventurer en dehors des limites de Caen. À partir de cette date, toute la périphérie proche est desservie, parfois par des lignes fortes. Et plus étonnant encore : la plupart des lignes actuelles se dessinent déjà, il y a 46 ans.
Seule petite ombre au tableau : les cartes que j'ai retrouvées sont à un format presque illisible :
Carte du réseau d'autobus de la C.T.A.C. en 1978 |
Carte du réseau de minibus de la C.T.A.C. en 1978 |
J'ai d'abord pensé à en faire une upscale par IA, mais force est de constater que l'IA ne sait pas encore gérer des graphiques. Ainsi m'est venu l'idée de tout simplement retracer les anciennes cartes à un format plus lisible, et tant qu'à y mettre du travail personnel, autant s'entrainer un petit peu à un exercice de design : j'ai tenté à la fois de coller à la charte graphique actuelle et à l'esprit de l'ancien, et j'ai choisi de fusionner les lignes d'autobus et de minibus.
Ce retraçage a présenté quelques difficultés, notamment de par "le rond-point central" (17 lignes en passage à Tour Leroy par exemple !), ou de par certains noms illisbiles (je ne suis par exemple pas sûre du terminus de la 24), mais je suis dans l'ensemble assez contente du résultat.
Certains de ces arrêts m'ont posé des problèmes d'interprétation, comme par exemple Belles Portes 10 - Parc 2, aujourd'hui PAJ-MJC, problème heureusement résolu par la fonction "Dates antérieures" de Google Street View : la PAJ-MJC a été construite sur un ancien rond-point, expliquant l'aspect imbriqué des anciennes lignes 6 et 7 qui devaient s'y entre-croiser.
PAJ-MJC en 2008. |
PAJ-MJC en 2022. |
Original et interprétation. |
Captures d'écran sur Google Street View. |
On remarquera donc que les bases du réseau actuel sont déjà posées, tous les itinéraires présents étant plus ou moins reproduisibles aujourd'hui, bien que certains bouts de lignes soient passés à d'autres.
Mention spéciale aux lignes 22 et 24 - non seulement la navette Centre-Ville existait déjà alors, mais il en existait une deuxième, une navette de liaison inter-quartiers, qui se faisait également en arrêts à la demande.
Beaucoup d'arrêts ont changé de nom, certains d'ailleurs racontent une mini-histoire, tel l'arrêt Parc St-André, renommé depuis Laennec, mais "réscussité" de par l'arrêt provisoire de la ligne 6 Parc St-André, devant le Lidl. Pour certains de ces changements de noms, je ne sais pas s'il s'agit d'une erreur sur la carte initiale ou si le nom a vraiment été inversé, par exemple Calvaire St-Pierre et Horatio Smith.
Certains arrêts replacés à leur emplacement initial ont un nom plus logique, comme Coquelicots qui sur l'ancienne 27 se trouvait plus logiquement que sur la 7 actuelle à l'embouchure de la Rue des Coquelicots.
Certains de ces anciens terminus expliquent la disposition actuelle de certains arrêts, comme Place du 27 juin à Carpiquet, ancien terminus nommé Église, ou encore les boucles de retournement encore présentes à Brocéliande ou à Champagne.
Il est ainsi étonnant de voir dans ce réseau tant de petits changements qui au final ne bousculent pas l'ordre établi il y a si longtemps. Les trois plus grand changements restant pour le coup les véhicules, gagnant en confort, le prix du ticket, à l'époque de 1,20F soit en comptant l'inflation 0,74€, et bien sûr les conducteur·ices, dont certains n'ont jamais connu certaines de ces subtilités du réseau.
Un autobus caennais de l'époque. |
Un minibus caennais de l'époque. |
Photographies postées par l'utilisateur heuliez14 sur le forum de Réseaux Normands. |